Présentation des arts martiaux philippins

Également connus sous l’acronyme FMA (Filipino Martial Arts),  il est riche, diversifié et jouit d’une reconnaissance mondiale pour ses applications pratiques, en particulier dans le domaine de la self-défense. 

Ces disciplines ne se limitent pas à des techniques traditionnelles ; elles constituent un ensemble de méthodes de combat éprouvées, adoptées même par des unités militaires d’élite telles que le programme Modern Army Combatives de l’armée américaine et les forces spéciales russes Spetsnaz. 

Cette adoption par des professionnels de la sécurité témoigne de leur utilité concrète au-delà des arts martiaux conventionnels. 

L’influence des AMP s’étend également à la culture populaire contemporaine, comme en témoigne leur impact sur les scènes de combat du film récent Dune.
Cette présentation a pour objectif de fournir un aperçu exhaustif des AMP, en explorant leur histoire, leurs principes fondamentaux et leur efficacité en tant que système de self-défense. 

Nous examinerons en détail la définition des AMP (1), leur contexte historique et culturel (2), leurs principes fondamentaux (3), les principaux styles tels que le Kali, l’Eskrima et l’Arnis (4), le concept de self-défense (5), le lien intrinsèque entre les AMP et la self-défense (6), et enfin, les avantages spécifiques qu’offrent les AMP pour la protection personnelle (7).

1. Aperçu des Arts Martiaux Philippins (AMP)

Les Arts Martiaux Philippins (AMP) représentent un terme générique englobant un éventail de méthodes de combat, anciennes et modernes, qui ont été développées au sein de l’archipel philippin. 

Ces arts martiaux ne sont pas statiques ; ils ont évolué au fil du temps, intégrant des éléments provenant à la fois des traditions martiales occidentales et orientales. 

Cette fusion d’influences a contribué à leur caractère unique et à leur efficacité pratique.

Le développement des compétences de combat par le peuple philippin est directement lié à la nécessité de s’adapter à des circonstances en constante évolution. 

Face à des défis tels que les invasions et les conflits locaux, les populations ont appris à prioriser, à allouer et à utiliser les ressources communes de manière stratégique dans des situations de combat. 

Cette genèse, ancrée dans la survie et la protection des ressources, confère aux AMP une orientation intrinsèquement pratique et axée sur l’efficacité. 

Leur rôle dans la préservation de l’identité culturelle à travers l’histoire est également significatif.
Les termes Arnis, Eskrima et Kali sont souvent utilisés de manière interchangeable pour désigner ces arts martiaux traditionnels des Philippines. 

L’Arnis est reconnu comme l’art martial et le sport national des Philippines en vertu de la loi de la Réublique 9850, signée en 2009. 

Cette reconnaissance officielle souligne l’importance culturelle et historique de l’Arnis. 

Bien que ces termes soient fréquemment utilisés comme synonymes, des nuances régionales et historiques existent. 

L’Arnis est un terme couramment employé à Luzon, et son origine pourrait provenir du mot espagnol « arnes », signifiant armure, possiblement en référence aux armures colorées utilisées dans les spectacles de l’époque tels que le Moro-Moro. 

L’Eskrima est généralement utilisé dans la région des Visayas, où se trouvait la première capitale des Philippines, Cebu. « Eskrima » est le mot espagnol pour l’escrime. 

Quant au terme Kali, plusieurs théories existent quant à son origine, l’une d’elles suggérant un lien avec le « Kalis » ou Kris, une épée serpentine utilisée dans le sud des Philippines, notamment à Mindanao. 

En dépit de ces distinctions régionales, ces trois termes se réfèrent fondamentalement au même art martial philippin. 

La terminologie au sein des AMP peut parfois être source de confusion, même pour les pratiquants expérimentés, avec des significations alternatives pour les mêmes termes et des termes alternatifs pour la même chose. 

Cependant, dans un contexte général, ils désignent les systèmes de combat philippins basés sur l’utilisation d’armes.
Outre ces styles principaux, d’autres systèmes moins connus existent au sein des AMP, tels que le Sikaran, qui se concentre principalement sur les techniques de frappe avec les jambes, le Tadyakamao (également appelé Boksing), une forme de Kali à mains nues développée en temps de guerre et mettant l’accent sur la self-défense en situation de combat, et le Mano-Mano, qui désigne l’entraînement à la self-défense à mains nues, incluant le grappling défensif, la conscience des armes et certaines techniques de Sikaran et de Tadyakamao. 

Cette diversité de styles témoigne de la richesse et de la profondeur des traditions martiales philippines.

2. Principes Fondamentaux et Caractéristiques des Arts Martiaux Philippins

Une caractéristique distinctive des Arts Martiaux Philippins est leur emphase sur l’armement dès le début de l’entraînement. 

Contrairement à de nombreux autres arts martiaux qui n’introduisent les armes qu’à des niveaux avancés, les AMP considèrent les armes, telles que les bâtons (souvent en rotin), les couteaux et les machettes, comme une extension naturelle du corps. 

Cette approche s’explique par la reconnaissance du fait que, dans une confrontation réelle, une arme peut offrir un avantage significatif. 

L’entraînement aux armes permet également aux élèves de se préparer psychologiquement à affronter des adversaires armés. 

La maîtrise des principes fondamentaux de la manipulation et de la frappe avec une arme permet aux pratiquants de passer aisément d’une arme à une autre. 

De plus, les AMP enseignent comment transformer des objets domestiques ordinaires en armes efficaces.
Il est essentiel de noter que les techniques à mains nues dans les AMP ne sont pas considérées comme une discipline distincte, mais plutôt comme un prolongement des principes et des mouvements appris avec les armes. 

Les techniques de combat à mains nues sont souvent une traduction directe des mouvements utilisés avec le Daga (poignard) ou le Baston (bâton). 

Cette interconnexion entre le combat armé et non armé rend les pratiquants d’AMP particulièrement polyvalents.
Les AMP intègrent une compréhension approfondie des différentes distances de combat. 

Parmi les principaux domaines tactiques, on retrouve le Corto Mano, qui se réfère au combat à courte distance avec des mouvements courts et une extension minimale des bras, des jambes et des armes, privilégiant les coupes. 

Le Largo Mano, à l’opposé, concerne le combat à longue distance avec des mouvements étendus et une extension complète des membres et des armes, créant ainsi de l’espace. 

La Serrada est une forme de jeu de jambes à courte distance, rapide et divisée, caractérisée par une action avant et arrière et une posture basse, formant la base d’une méthodologie de cadre triangulaire. 

Ces différentes portées tactiques permettent aux pratiquants de s’adapter à diverses situations de combat.
Les AMP se caractérisent également par un ensemble de méthodes tactiques spécifiques. 

L’Abaniko désigne les techniques d’éventail, tandis que le Witik fait référence aux mouvements de fouet ou de claquement. 

Le Gunting, signifiant « ciseaux », englobe les techniques de cisaillage armées et non armées visant à neutraliser le bras ou la main d’un adversaire. 

Le Kadena De Mano, ou « chaîne de mains », est un combat continu à courte distance et à mains nues. 

Ces méthodes techniques, parmi d’autres, illustrent la richesse et la complexité des AMP.
Un principe fondamental qui sous-tend les AMP est celui du flux et de l’adaptabilité. 

Contrairement à certains arts martiaux qui s’appuient sur des formes rigides et des séquences prédéterminées, les AMP mettent l’accent sur la capacité à passer fluidement d’une technique à l’autre et à réagir avec souplesse aux situations changeantes . 

Les pratiquants apprennent à se déplacer avec grâce et efficacité, enchaînant les mouvements sans hésitation. 

Cette adaptabilité s’étend également à l’utilisation des armes, où les pratiquants apprennent à manier différents instruments avec précision et fluidité.
Un autre concept unique aux AMP, en particulier au Kali, est l’utilisation de la « main vivante ». 

Il s’agit de la main qui ne tient pas d’arme, et qui joue un rôle crucial dans le piégeage, le désarmement et le contrôle d’un adversaire. 

Cette utilisation simultanée des deux mains, que l’on soit armé ou non, confère aux pratiquants un avantage significatif en combat.

3. Un Voyage à Travers le Temps : Histoire et Origines des AMP

Les racines historiques des Arts Martiaux Philippins remontent à l’ère précoloniale, où les tribus indigènes ont développé diverses techniques de combat pour la chasse, la self-défense et la guerre tribale. 

Ces premières formes de combat, impliquant souvent des bâtons, des lames et des techniques à mains nues, ont jeté les bases des systèmes d’arts martiaux sophistiqués qui ont émergé plus tard. 

L’utilisation d’outils agricoles et aquatiques comme armes à l’époque préhispanique témoigne de l’ingéniosité et de l’adaptabilité des Philippins. 

Ces techniques indigènes étaient profondément ancrées dans le tissu social, étant enseignées à tous les membres de la famille, hommes et femmes.
L’arrivée des colonisateurs espagnols au XVIe siècle a marqué une période de transformation pour les AMP. 

L’influence espagnole a introduit de nouvelles armes et méthodes de combat, qui ont été intégrées aux arts martiaux indigènes existants. 

Cette fusion a conduit au développement de nouvelles formes et techniques, marquant une évolution significative dans la pratique des AMP. 

Cependant, les Espagnols ont également imposé une interdiction de porter des armes, craignant que cela ne renforce les mouvements de résistance locaux. 

Cette interdiction a involontairement conduit au développement du combat au bâton comme moyen secret de continuer à pratiquer les compétences de combat, dissimulant souvent les mouvements dans d’autres expressions artistiques telles que certaines danses culturelles. 

C’est également durant cette période que le nom Eskrima, dérivé du mot espagnol « esgrima » signifiant escrime, a commencé à être utilisé.
Pendant la période de la colonisation américaine, les AMP ont continué à évoluer. 

L’introduction de la boxe et de la lutte occidentales a influencé les styles de combat locaux, entraînant un paysage martial plus diversifié. 

Cette époque a également vu l’émergence d’écoles d’arts martiaux formelles, qui ont joué un rôle crucial dans la préservation et la promotion des AMP.
La Seconde Guerre mondiale a eu un impact profond sur les AMP. 

L’occupation japonaise a forcé de nombreux Philippins à s’appuyer sur leurs compétences de combat pour la survie et la résistance. 

Les arts martiaux sont devenus une partie essentielle des tactiques de guérilla utilisées contre les forces d’occupation. 

Cette période a mis en évidence l’efficacité des AMP dans des situations de combat réelles, renforçant encore leur importance. 

Les combattants de la résistance formés à l’Arnis ont joué un rôle essentiel dans la guérilla, leurs attaques furtives et leurs embuscades s’avérant très efficaces contre les forces japonaises.
Après la Seconde Guerre mondiale, les Arts Martiaux Philippins ont connu une résurgence et ont gagné une reconnaissance mondiale. 

Des figures influentes telles que le Grand Maître Remy Presas, fondateur de l’Arnis Moderne, ont joué un rôle central dans le développement et la popularisation des AMP, en codifiant les techniques et en créant des méthodes d’entraînement standardisées. 

Aujourd’hui, de nombreuses écoles et centres de formation à travers le monde se consacrent à l’enseignement et à la préservation de ces techniques de combat ancestrales.

4. Comprendre la Self-Défense : Principes et Considérations Légales

La self-défense peut être définie comme l’usage d’une force raisonnable pour se protéger soi-même ou autrui d’un danger imminent. 

Ce principe fondamental repose sur l’instinct humain de préserver sa vie et sa sécurité. 

La loi reconnaît le droit de se défendre, mais encadre strictement les conditions de son exercice.
La notion de menace imminente est cruciale en matière de self-défense. Pour qu’une action soit considérée comme de la self-défense, la menace doit être immédiate et inévitable. 

Une simple menace verbale, sans indication d’une action physique imminente, ne justifie pas l’usage de la force. 

La peur de subir un préjudice doit être raisonnable et réelle au moment où la force est utilisée.

Le principe de proportionnalité est également fondamental. 

La force utilisée pour se défendre doit être proportionnelle à la menace perçue. 

L’usage d’une force excessive par rapport à l’attaque initiale peut entraîner des conséquences juridiques pour la personne se défendant. 

Par exemple, répondre à une simple bousculade par une attaque à l’arme blanche serait considéré comme disproportionné.
Les lois sur la self-défense stipulent que le droit de se défendre cesse une fois que la menace a disparu. 

Continuer à utiliser la force contre un agresseur qui ne représente plus un danger est considéré comme une agression et non plus comme de la self-défense (Cf. 122-5 Code pénal).

L’usage illégal de la self-défense peut entraîner des poursuites pour voies de fait, coups et blessures, voire homicide, en fonction des circonstances.
Dans certaines juridictions, des lois dites « Stand Your Ground » (Défendez Votre Position) existent, dispensant la personne attaquée de l’obligation de se retirer avant d’utiliser la force pour se défendre, même en dehors de son domicile. 

Cependant, ces lois varient considérablement d’une région à l’autre.

5. L’Application des Arts Martiaux Philippins dans des Scénarios de Self-Défense

Les principes fondamentaux et les techniques des AMP se prêtent particulièrement bien à des applications concrètes en matière de self-défense. 

Leur orientation pratique, axée sur des scénarios réels, les distingue de certains arts martiaux plus traditionnels ou axés sur la compétition.
L’entraînement aux armes, pierre angulaire des AMP, offre un avantage significatif dans des situations de self-défense où un agresseur pourrait être armé. 

La capacité à manier des bâtons, des couteaux ou d’autres armes improvisées peut permettre de neutraliser une menace armée ou de créer une distance de sécurité. 

Les AMP enseignent également comment utiliser des objets du quotidien comme armes de fortune, ce qui est particulièrement pertinent dans des situations inattendues.
Les techniques à mains nues des AMP, dérivées des mouvements d’armes, sont tout aussi efficaces pour la frappe, le contrôle, la projection et le désarmement dans des confrontations non armées. 

La fluidité des mouvements et la capacité à passer fluidement du combat armé au combat non armé rendent les pratiquants d’AMP extrêmement adaptables.
Le concept de la « main vivante » prend toute son importance en self-défense, permettant de piéger, de contrôler et de créer des ouvertures pour des frappes ou des désarmements, que l’on soit armé ou non.

Cette utilisation active des deux mains offre un avantage considérable dans la gestion d’une confrontation physique.
Certaines techniques spécifiques des AMP, comme le « defanging the snake » (rendre le serpent inefficace), sont directement applicables à la self-défense contre des menaces armées. Cette stratégie consiste à cibler l’arme ou le membre armé de l’adversaire pour neutraliser la menace immédiate, plutôt que de bloquer directement l’attaque.

6. L’Avantage en Self-Défense : Bénéfices de l’Utilisation des Arts Martiaux Philippins

Les Arts Martiaux Philippins offrent une multitude d’avantages pour la self-défense, ce qui en fait un choix judicieux pour ceux qui cherchent à améliorer leur sécurité personnelle.
La polyvalence et l’adaptabilité des AMP sont des atouts majeurs. 

Les pratiquants apprennent à gérer diverses menaces, armées ou non, et à s’adapter à différentes distances de combat. 

Cette capacité à s’adapter à des situations imprévisibles est essentielle dans le contexte de la self-défense réelle.
Les AMP mettent l’accent sur des techniques pratiques et efficaces, évitant les mouvements trop complexes ou irréalistes. 

L’objectif est de neutraliser la menace le plus rapidement et le plus efficacement possible, en utilisant des mouvements directs et économes en énergie.
L’entraînement aux AMP, en particulier avec les armes, contribue au développement des réflexes, de la vitesse et de la coordination. 

Les exercices répétitifs et le sparring rapide aident à conditionner le corps et l’esprit à réagir instinctivement sous pression.
La pratique des AMP cultive également la force mentale et la conscience situationnelle.

Les pratiquants apprennent à évaluer rapidement leur environnement, à identifier les menaces potentielles et à prendre des décisions éclairées en situation de stress.
Le principe du « defanging the snake » représente un avantage significatif dans la neutralisation des menaces armées. 

Cibler l’arme de l’adversaire permet de réduire immédiatement le niveau de danger.
Enfin, l’entraînement aux AMP améliore la condition physique générale, notamment la force, l’endurance, la coordination et la flexibilité. 

Ces améliorations physiques contribuent à une meilleure capacité à se défendre efficacement.

7. Conclusion : 

En conclusion, les Arts Martiaux Philippins représentent un système de combat riche et sophistiqué, ancré dans une histoire de survie et d’adaptation. 

Leur emphase sur l’armement dès le début de l’entraînement, la fluidité des mouvements, l’adaptabilité aux situations changeantes et l’interconnexion entre le combat armé et non armé en font une discipline particulièrement pertinente pour la self-défense dans le monde moderne. 

Les principes fondamentaux de la self-défense, tels que la menace imminente et la proportionnalité de la réponse, trouvent une application naturelle dans les techniques pratiques et efficaces des AMP. 

Les avantages offerts par les AMP, allant de la polyvalence et de la rapidité de réaction à la force mentale et à la capacité de se défendre contre des agresseurs armés, soulignent leur valeur en tant que système complet de protection personnelle. 

En intégrant des stratégies spécifiques comme le « defanging the snake » et en enseignant l’utilisation d’armes improvisées, les AMP préparent les pratiquants à une variété de scénarios réels. 

Ainsi, les Arts Martiaux Philippins se révèlent être un outil puissant et adaptable pour quiconque cherche à améliorer sa sécurité personnelle et à développer une confiance inébranlable dans sa capacité à se protéger.